Dans la nouvelle crise qui oppose l’Algérie à la France, il est difficile de distinguer la réalité de la posture. Une interrogation écrase toutes les préoccupations : Le régime algérien peut-il se permettre le luxe de provoquer une rupture avec la France pour avoir uniquement récupéré de manière légale, selon Paris, une de ses ressortissantes en Tunisie, la journaliste, activiste opposante Amira Bouraoui?.
En tout cas, les faits sont là. Et ils sont têtus. La lune de miel entre Alger et Paris n’aura tenu que quelques semaines. Le fiel et la tension ont spectaculairement fait leur retour dans les relations entre la France et l’Algérie. Héroïne médiatique de l’histoire, Amira Bouraoui dont les conditions d’arrivée en France via la Tunisie continuent de provoquer une énorme polémique.
Aux yeux de nombreux commentateurs, le régime algérien a sur-réagi à cette affaire en convoquant son ambassadeur à Paris pour consultations et en lâchant la bride à sa presse pour bombarder à l’expression lourde l’hypocrisie inamicale de l’ancienne puissance coloniale. Une violation de souveraineté algérienne par la France à travers les contours d’un scénario vendu en sous-main à la presse et aux réseaux sociaux.
Une équipe des services français aurait pris en charge Amira Bouraoui depuis Alger, l’aurait aidée à traverser la frontière avec la Tunisie puis aurait forcé la main aux autorités tunisiennes pour la mettre dans un avion à destination de la France.
C’est ce scénario aux allures d’un épisode de la fameuse série du « Bureau des légendes » qui enrage le régime algérien et le fait réagir de cette manière qui remet en cause de longs mois de rapprochement et de réconciliation entre Paris et Alger.
A part une généreuse couverture médiatique dans la presse et les réseaux sociaux, Paris a fait le choix diplomatique d’ignorer ce nouveau psychodrame avec les Algériens. Avec une position minimaliste qui consiste à dire que la France n’a rien fait d’exceptionnel et s’est contentée de porter secours à une citoyenne française dans le difficulté, Paris considère que la convocation de l’ambassadeur est une affaire algérienne et se dit concentré sur la consolidation du partenariat stratégique avec l’Algérie.
Une manière de dire que la diplomatie française ne va pas répondre avec le même degré d’intensité à cette brusque montée d’humeur algérienne.
Cette nouvelle crise bilatérale a fait aujourd’hui une troisième victime collatérale. C’est la Tunisie de Kais Saied. Ce dernier a été obligé de limoger son ministre des affaire étrangers, Othman Jerandi, et peine à expliquer aux autorités algériennes qui le tiennent par leur indispensable aide économique, pour quelles raisons il a obéi aux demandes françaises plutôt qu’aux adjonctions algériennes.
Duran cette crise, la Tunisie est apparue sous un jour craint par beaucoup, celui d’un pays sous totale influence algérienne et dont le moindre acte de souveraineté est susceptible de créer une crise avec son voisin et protecteur.
Mais même au cœur d’un bras de fer exclusivement franco-algérien, Alger a trouvé le moyen d’impliquer le Maroc dans ses bisbilles avec Paris. L’agence de presse algérienne a lâché une de ces sorties dont elle a le secret pour tenter d’impliquer le Maroc dans cette crise.
La gymnastique intellectuelle pour impliquer le Maroc est ardue mais qu’importe la logique et la crédibilité. Pourvu que subsiste le soupçon, l’insulte et l’accusation.
Pour Alger, « cette feuille de route est exécutée par les barbouzes et les +khabardji+ et certains responsables au niveau de la DGSE, du quai d’Orsay et certains conseillers franco-algériens qui ne cachent pas leur amour et leur vénération pour le makhzen ».
Cette nouvelle crise entre la France et l’Algérie va-t-elle toucher au cœur de la confiance difficilement rétablie entre les deux pays à travers les multiples visites des responsables français à Alger et celle très remarquée du chef d’Etat major de l’armée algérienne, Saïd Chengriha à Paris récemment ? Ou ne sera-t-elle qu’un saut d’humeur vite oublié avec le temps, et dont la diplomatie algérienne, lunatique et instable, avait habitué son entourage ?
Rares sont ceux qui parient sur une crise durable entre Paris et Alger. Le baromètre étant la prochaine visite d’Etat du président algérien Abdelmajid Tebboune en France prévue le mois de mai. Dans les multiples et violentes charges de la presse algérienne contre la France à l’occasion de cette nouvelle crise, aucune n’en évoque l’annulation ni le report.
Cette énième tension entre Paris et Alger montre une donnée politique essentielle. La fragilité de cette nouvelles alliance entre la France et l’Algérie, malgré les efforts du président Emmanuel Macron pris dans le piège de la réconciliation mémorielle, qui pourrait s’éclabousser à n’importe quel moment, et la gestion du régime algérien de sa relation avec un partenaire comme la France par une humeur instable, une charge sentimentale incontrôlable et un affect effervescent. Ce qui rend actuellement toute alliance entre Paris et Alger dans la durée et la confiance une mission presque impossible.
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