Au moment où le Maroc et l’Espagne devaient tenir leur Réunion de Haut Niveau ce 1er et 2 février pour avancer sur la feuille de route signée en avril dernier, un avion du gouvernement algérien se posait à l’aéroport Barajas à Madrid. Que faut-il comprendre de ce geste? L’Espagne jouerait elle sur deux tableaux?
Fruit de longs mois de travail et de coopération entre le Maroc et l’Espagne pour tourner la page de la terrible crise diplomatique qui a empoisonné les relations entre les deux voisins méditerranéens, la Réunion de Haut Niveau a permis de redonner un nouveau souffle à un partenariat exclusif.
Le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, et une dizaine de ministres sont arrivés à Rabat pour deux jours de concertations et de travail pour sceller ce partenariat gagnant-gagnant.
Une vingtaine d’accords bilatéraux dans divers domaines ont été signés les détails et précisions concernant chacun d’entre eux sont annoncés au fur et mesure.
L’importance d’avoir d’excellentes relations avec le Maroc est primordiale pour l’Espagne, a fait savoir le ministre espagnol des Affaires Etrangères, José Manuel Albares, qui a affirmé jeudi soir, à la télévision nationale espagnole (TVE) que le Maroc est la priorité numéro 1 des relations extérieures espagnoles.
Néanmoins, une ombre est venue obscurcir ce beau tableau avec l’atterrissage d’un avion officiel algérien à Madrid juste avant la tenue de la RHN alors que l’Algérie n’entretient « officiellement » plus de contacts avec l’Espagne depuis l’annonce du soutien de Madrid à la souveraineté du Maroc sur le Sahara.
L’Algérie a suspendu le traité d’amitié qui la liait à l’Espagne depuis 2002, et en conséquence, a bloqué plusieurs opérations commerciales et bancaires, tout en ne renouvelant pas le gazoduc Maghreb Espagne qui traversait le Maroc.
Ce déplacement fait étrangement rappeler l’épisode de Brahim Ghali, à l’origine de la crise diplomatiques entre le Maroc et l’Espagne, lorsque le chef de la milice séparatiste sahraouie du polisario est allé en cachette et sous une fausse identité en Espagne suite à un arrangement avec l’Algérie, et sans qu’il ne soit inculpé pour les multiples affaires qui l’attendaient en Espagne.
L’affaire ressemble étrangement aussi à l’avion du gouvernement espagnol cette fois, qui s’était dirigé en secret en Algérie en août dernier, en ayant fait un aller-retour entre midi et 18 heures entre la base aérienne de Torrejón de Ardoz à Blida en Algérie.
L’avion identifié Gulfstream 4SP 7T-VPM et enregistré au nom du gouvernement algérien, a été suivi par Flightradar.
L’appareil, un modèle réduit d’avion officiel Gulfstream, est arrivé d’Algérie, s’est posé à Barajas à 11h10, et n’est rentré qu’à 13h13.
Ce vol secret s’est déroulé alors que l’ordre du jour de la Moncloa ne prévoyait aucune rencontre diplomatique. Que faisait donc un avion du gouvernement algérien en Espagne seulement quelques heures avant le début de la réunion bilatérale hispano-marocaine?
Cette situation laisse place à plusieurs interrogations, à savoir si l’Algérie a attendu que les ministres et Pedro Sanchez soient au Maroc pour aller comploter en Espagne avec les milieux hostiles au Maroc au sein du gouvernement espagnol, même si cette hypothèse est peu probable puisqu’aucun avion officiel étranger ne débarque comme ça sans qu’il y ait un agenda précis discuté et approuvé à l’avance entre les gouvernements des deux pays.
Deux hypothèses restent les plus plausibles, la première voudrait que l’Espagne complote dans le dos du Maroc avec l’Algérie venue chercher des garanties juste avant le sommet, la seconde sous-entend que l’Espagne négocie de part et d’autre avec l’Algérie et le Maroc.
Une chose est certaine, la nouvelle relation entre Rabat et Madrid incommode énormément les autorités algériennes qui ont tenté de faire pression sur le pays ibérique en rompant les liens, et imposant un chantage au gaz pour qu’il ait une position en faveur de son plan déstabilisateur au Sahara.
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